5 questions à: Anthony CHARLES— Conseiller et expert en lutte antidrogue
Anthony Charles a passé 14 ans au sein de la Police Française avant d’entrer en service à la Mission d’Union Européenne EUCAP Sahel Niger. Depuis presque deux années, il soutient l‘office nigérien contre le trafic illicite de stupéfiants. Dans l’interview il nous raconte comment il s’est vite adapté à son nouvel environnement professionnel et pourquoi un expert n’arrête jamais à apprendre.
1. Quelles sont vos tâches à EUCAP Sahel Niger ?
Les tâches liées à mon rôle de conseiller lutte antidrogues sont variées. En premier lieu il s’agit de former les forces de sécurité intérieure aux bases de la lutte contre le trafic de stupéfiants, notamment quant à la reconnaissance des produits, les modes de dissimulations et les techniques d’enquête. Dans le cadre de la formation, j’ai soutenu la création d’une mallette pédagogique.
Ensuite il y a le volet assistance technique et matérielle. Ce travail consiste à évaluer avec les partenaires les besoins des services afin d’être plus efficace dans le travail quotidien. Ce domaine est vaste, il peut s’agir de simples kits d’identification de drogue à des rénovations de locaux pour permettre aux enquêteurs de travailler dans de bonnes conditions.
Enfin je participe aux conférences locales et évènements publics sur le sujet de la lutte contre le trafic illicite des produits stupéfiants tant sur le côté préventif que répressif.
2. Pourquoi avez-vous décidé de travailler pour une mission PSDC?
Je suis policier français et mon envie de travailler pour une mission PSDC date de quelques années seulement, en côtoyant un collègue déjà expérimenté dans les missions internationales. J’ai acquis un maximum d’expérience au sein de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) et après 14 années dans le domaine de la criminalité organisée j’ai décidé de passer les tests de la Direction Centrale de la Coopération Internationale (DCI) pour intégrer le vivier des fonctionnaires habilités à être déployés sur les missions de l’Union Européenne et de l’ONU. Début 2018, tout s’est enchainé rapidement, j’ai réussi le test qui comporte une épreuve d’anglais et un entretien avec un jury, puis deux mois après j’ai eu la proposition pour la mission EUCAP Sahel Niger.
3. Pourquoi aves-vous choisi travailler au Niger ?
Lors du test de sélection pour intégrer le vivier de la coopération internationale, j’avais fait part de mon souhait d’intégrer la mission EUCAP Sahel Niger pour plusieurs raisons.
La première est qu’il s’agit d’une mission francophone et il était plus confortable pour moi dans le cadre d’une première mission à l’étranger, d’évoluer dans un milieu où je maîtrise la langue.
Ensuite la mission EUCAP Sahel Niger présente l’avantage d’avoir plusieurs postes correspondant à mon profil de police judiciaire.
Enfin j’avais envie de participer au renforcement des capacités du Niger face aux défis sécuritaires, notamment en matière de lutte contre la criminalité organisée. Même si tout le mérite revient aux partenaires nigériens, le fait de pouvoir contribuer à notre échelle donne le sentiment du devoir bien fait.
4. Quel a été, jusqu’au présent, votre plus grand défi au Niger?
Le défi lié à l’expatriation à savoir l’éloignement du réseau familial et amical et les conditions climatiques nécessitent un temps d’adaptation pour les européens. Cependant, l’accueil du Niger permet de rapidement s’adapter. Le peuple nigérien est très accueillant. De plus, je bénéficie d’un partenariat privilégié avec l’Office régionale contre le trafic illicite de stupéfiante. Cette confiance mutuelle donne de très bon résultats et c’est autant de moments agréables à vivre lors de ma mission.
5. Quel conseil pouvez-vous donner à ceux qui sont intéressés à travailler dans une mission CSDP ?
Pour pouvoir travailler dans une mission CSDP il faut faire preuve d’adaptation au milieu dans lequel nous évoluons. A double titre, cette adaptation doit se faire sur les méthodes de travail de l’union européenne et davantage sur les méthodes du pays hôte.
Il faut être en mesure d’apporter ses compétences et son expérience au service de la mission tout en gardant un esprit ouvert. En effet, même en ayant l’étiquette d’ « expert », la relation est donnant-donnant et nous apprenons énormément de nos partenaires nigeriens. Il s’agit là d’une expérience unique tant d’un point de vue professionnel que personnel.
Deux ans au sein de la mission EUCAP Sahel Niger représentent une énorme plus-value dans ma carrière, avec des connaissances et un regard différent sur les défis sécuritaires au niveau international.
Vous êtes expérimentés, vous avez un don pour le partage, vous êtes ouvert à d’autres cultures, alors il ne faut pas hésiter !