Burkina Faso : Nouveau terrain d’action pour EUCAP Sahel Niger
Les missions civiles de l’Union Européenne ont élargi leur mandat dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé au profit des 5 pays du Sahel. EUCAP Sahel Niger a été le premier acteur à donner une formation au Burkina Faso fin juin 2019.
À proximité d’un village non loin de la frontière burkinabé-nigérienne, vers 6 heures du matin, une patrouille militaire est attaquée. Il y a des blessés et des morts, y compris les civils qui se trouvaient chez les soldats visés. Certains assaillants peuvent fuir, deux autres sont capturés. Les villageois sont inquiets. Ils exigent une enquête approfondie par la gendarmerie et une peine de justice appropriée.
La situation décrite ici est l’un des nombreux scenarios auxquels la gendarmerie du Burkina Faso peut s’attendre à tout moment. Dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, l’état burkinabé emploiera désormais ses gendarmes au sein du bataillon de la force conjointe du G5 Sahel (FCG5S), les unités militaires nouvellement créées par les pays concernés: la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Directement engagé auprès des forces combattantes, ce détachement prévôtal sera donc le premier acteur judiciaire déployé sur le champ des opérations pour appuyer les militaires dans leurs tâches. Afin de préparer ces agents à leur déploiement imminent, EUCAP Sahel Niger a dispensé une formation à la Gendarmerie Nationale au centre de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.
Du 25 au 27 juin, 15 gendarmes ont pris part à ce premier stage. Pendant trois jours et à travers de cas pratiques, ils ont appris à mieux préserver les scènes de crime en terrain difficile, à recueillir des preuves, à interroger et prendre en compte les personnes capturées et à rassembler toute information nécessaire qui pourrait ensuite être utilisée lors d’un procès devant un tribunal. Il s’agissait de la première formation dispensée par EUCAP Sahel Niger en dehors du territoire national en collaboration avec EUCAP Sahel Mali et la Cellule de Conseil et de Coordination Régionale (RACC). Début 2019, l’Union Européenne a élargi le mandat des deux missions EUCAP aux pays voisins, à savoir le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso, afin d’étendre leur appui à toute la région et mieux soutenir le G5 Sahel.
En appui aux opérations militaires
“Cette formation est très importante pour nous”, a déclaré Kanou COULIBALY, Lieutenant-Colonel de la Gendarmerie burkinabé et point focal de la composante police du FCG5S. “Les différents sujets nous seront d’une grande aide une fois que nos gendarmes travailleront sur le terrain et faciliteront la coopération avec les militaires.” Forts de leur formation, les gendarmes seront en mesure de garantir les poursuites pénales contre les infractions d’auteurs capturés par les forces armées, d’assister plus efficacement à la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée et de protéger juridiquement l’action militaire — dans un principe de respect des droits de l’homme et de protection des civils. “Cela nous aide également à instaurer la confiance avec la population pour notre engagement. Nous devons travailler ensemble avec nos concitoyens si nous voulons combattre le terrorisme. Au nom du chef d’état-major, nous remercions EUCAP Sahel Niger pour cette formation qui va renforcer les capacités de nos gendarmes sur le théâtre de nos opérations.”
Dans le cadre du G5 Sahel, les cinq états concernés ont uni leurs forces en 2014 pour lutter ensemble contre la violence, le terrorisme et la criminalité dans la région. L’Union Européenne est le partenaire le plus important au G5 Sahel. Toutes les activités mises en œuvre par les missions de l’UE en dehors de leur mandat d’origine sont dorénavant coordonnées par la RAAC à Nouakchott.
“La formation nous a aidé beaucoup et nous a donné des nouvelles idées », a expliqué Fabien SANON, Commandante d’une Compagnie de la Gendarmerie Nationale à Ouahigouya. « Si nous prenons correctement les preuves et posons les bonnes questions, notre travail servira au droit et à la justice, pour la sécurité des populations et la protection du notre territoire.”
À partir d’automne 2019, les 15 premiers gendarmes formés seront déployés pendant 6 mois au sein des unités prévôtales du bataillon burkinabé des forces conjointes du G5 Sahel. Leur engagement à l’interface entre les populations et les forces sera déterminant pour le succès du G5 Sahel.