La sécurité des villages, c’est l’affaire de tous!
Plus que jamais, une relation de confiance forte et durable est nécessaire entre la société civile et les Forces de Sécurité Intérieure (FSI) afin de prévenir les menaces sécuritaires au Niger. Pour la première fois, EUCAP Sahel Niger et ses partenaires ont organisé une formation avec les chefs de villages de la région d’Agadez.
Almoustafa Maganouf est le chef du village d’Azzel Ecole, une localité qui compte 75 familles, située à 15 kilomètres de la ville d’Agadez.
Dans ce rôle qu’il a pris après le décès de son père, il se rend compte de la grande responsabilité qu’il doit assumer face à ses habitants. Il sait ce qu’il se passe dans son village, il connait les soucis et les inquiétudes des villageois et il est le premier interlocuteur entre eux et les autorités supérieures.
« Dieu merci, il fait encore tranquille chez nous. Mais on sait jamais si la situation ne s’aggravera un jour », dit Almoustafa, avant d’ajouter : « C’est pour cela je suis venu ici. Je veux savoir comment je peux mieux protéger notre village. »
« Ici », c’est l’Alliance Française, au centre-ville d’Agadez. Almoustafa s’y retrouve avec 11 autres chefs de villages des environs, élus comme lui. Ils ont désormais la lourde charge de veiller à la cohésion sociale, à la sécurité et à la protection de l’environnement de leur village respectif. Cela inclut également le devoir de prévenir et de lutter contre la criminalité et le terrorisme. Dans une région où les défis sécuritaires comme les « coupeurs de routes » mais il y a aussi celle du trafic et de la consommation de drogues, ainsi que le trafic d’armes et d’êtres humains sont prégnants, leur coopération avec les FSI est vitale.
La sécurité de villages: l’affaire de tous
Pour venir en aide à ces chefs de villages, EUCAP Sahel Niger à Agadez et l’Alliance Françaises ont organisé une journée de formation. « Le but de ce séminaire est de renforcer les liens entre les FSI et la société civile, » explique Kerstin Bartsch, cheffe adjointe de l’Antenne d’EUCAP Sahel Niger à Agadez. « Nous sommes pleinement conscient de l’importance de contribuer au rapprochement entre les populations, à travers leur chefs coutumiers, et les FSI qui œuvrent au quotidien à la protection des personnes et des biens. Cet échange permet de jeter les bases d’un dialogue constructif entre les différents acteurs en charge de la sécurité.”
Et la salle de formation de l’Alliance Française est comble ce samedi matin de juillet. Outre les chefs de villages, des représentants des femmes et des jeunes sont également venus, au point qu’il n’y a presque pas assez de chaises pour tout le monde. Chacun souhaite écouter les paroles du Lieutenant-Colonel Abdoulaye Toubi, commandant de la 2ème légion de gendarmerie d’Agadez, et de Monsieur Seyni Saidou, procureur de la République d’Agadez, présents pour l’occasion.
Tous deux ont consacré ce week-end pour faire ce qu’ils souhaitaient faire depuis longtemps: entrer en contact direct avec les chefs de villages pour leur expliquer l’importance de coopérer afin de mieux protéger la population. Les deux orateurs décrivent les menaces présentes dans la région, comment les FSI les gèrent et soulignent la nécessité d’un dialogue continu pour établir une vraie confiance et obtenir les informations susceptibles d’aider les autorités.
« Pour être franc, beaucoup de nos habitants ont peur de témoigner des actes criminels, » explique Almoustafa. « Ils craignent la vengeance des malfaiteurs. C’est donc pourquoi il est vraiment important de savoir qu’il existe des moyens de protéger les témoins », conclut-il. Son collègue et chef du village de Kelfodat Azzel, Amoumoun Houdan, ajoute : « Aujourd’hui, je suis convaincu que la sécurité est l’affaire de tous, des populations, des FSI et des chefs de village. Tout forfait doit être rapporté aux FSI. On ne doit pas garder pour soi les informations, parce que si on les garde, on bloque les FSI. »
Durant cette journée, beaucoup de thématiques sont abordées. Outre les propos des FSI et du procureur sur la situation sécuritaire, le trafic illicite de migrants et la traite de personnes, deux experts d’EUCAP Sahel Niger enrichissent les débats en présentant les dangers liés aux trafic d’armes, de stupéfiants ainsi que sur l’importance du respect des droits de l’Homme.
« Cette formation est pour nous une très bonne occasion d’établir une meilleure relation avec les chefs de villages », se réjouit Abdoulaye Toubi. « Elle nous aide à échanger avec eux, à mieux comprendre leurs inquiétudes et leurs besoins et à leur expliquer comment nous pourrions les soutenir. On est là au service des populations et nous devons coopérer pour mieux lutter ensemble contre les menaces sécuritaires. »
Au cours des deux dernières années, l’Antenne d’Agadez a organisé et accompagné plusieurs initiatives au profit de la société civile, notamment aux côtés des Femmes Leaders et du Conseil régional de la Jeunesse pour les sensibiliser aux menaces sécuritaires et renforcer le dialogue avec les FSI.
Cette formation est une première du genre avec des chefs de villages. Répondant à une forte demande, cette inédite a atteint ses objectifs et mérite d’être étendu à d’autres villages de la région.